Première historique / Obligations d’Etat : La France emprunte à des taux négatifs !

La France rejoint le club très fermé des pays empruntant à des taux négatifs ! Une première historique marquant l’attrait des investisseurs pour la dette française... Décryptage.

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Première historique : La France emprunte à des taux négatifs !

Oui, vous avez bien lu. Pour la première fois, les investisseurs sont prêts à payer pour prêter de l’argent à la France. Ce crédit ne coûte donc rien à l’Etat. Mais comment cela est-ce possible ?

En effet, la France a rejoint ce jour le club fermé des pays européens qui bénéficient de rendements négatifs, avec l’Allemagne, les Pays-Bas, la Finlande, l’Autriche, le Danemark et la Suisse.

Emprunter à un taux négatif signifie schématiquement que les investisseurs acceptent de payer pour prêter de l’argent à un pays.

Paris a emprunté 3,917 milliards d’euros à un taux de -0,005% pour des titres de dette à échéance le 11 octobre, selon l’Agence France Trésor qui gère la dette française.

Elle a également levé 1,993 milliard d’euros à un taux de -0,006% pour des placements à échéance le 27 décembre.

Pourquoi les investisseurs sont-ils prêts à payer pour prêter à la France ?

Ils sont tout simplement contraints. La demande est supérieure à l’offre. Le marché obligataire de nombreux autres pays de la zone Euro étant pire ailleurs qu’en France. Pour un investisseur qui a nécessairement besoin de garanties financières via la possession dans son portefeuille de titres obligataires, les mieux notés possible, il vaut beaucoup mieux pour lui, détenir des obligations de l’Etat Français que des obligations des pays du Sud de l’Europe. En effet, le portefeuille global de l’investisseur ne doit pas être trop exposé aux risques (schématisé par le rating des notations des agences par exemple). Le gestionnaire du portefeuille doit donc panacher entre des titres à risques et des titres moins risqués. Les OAT (Obligations d’Etat de la France) font partie de la seconde catégorie.

Avec ces titres en garantie, le gestionnaire de portefeuille peut effectuer d’autres opérations financières, plus risquées, pour lesquelles, rassurez-vous il pourra réaliser de jolis bénéfices, ou pas... Toujours est-il que s’il faut payer un peu pour avoir des titres français, en ce moment, il est prêt à le faire.

Prix des obligations en très forte hausse

Dans la mesure où les rendements évoluent à l’inverse des cours, cette faiblesse des taux signifie que jamais le prix des obligations n’a été aussi élevé. Autrement dit, la demande bat des records.

"Cela prouve qu’en ces temps de turbulences financières, la France fait figure de pays sûr", note Patrick Jacq, stratégiste obligataire pour BNP Paribas.

"L’intérêt de l’investisseur est de jouer la sécurité et de se prémunir contre les vents très défavorables qui soufflent en zone euro", notamment en Grèce, Portugal, Espagne ou même Italie, explique-t-il.

Contrairement à ces pays d’Europe du sud, la France n’est pas en récession, même si la croissance de son économie reste très faible.

Le gouvernement français anticipe une progression du produit intérieur brut de 0,3% pour 2012. Sur la même période, l’Espagne devrait voir son économie se contracter de 1,7% et l’Italie de 2%.

"Les investisseurs doutent de la capacité de ces deux pays à assainir leurs finances publiques vu la dégradation de leur situation économique", souligne Jean-François Robin, stratégiste chez Natixis.

Cette défiance profite mécaniquement au noyau dur de la zone euro.

Aux yeux des analystes interrogés par l’AFP, la baisse des taux d’emprunt payés par Paris est amenée à se poursuivre.

Dette de la France : Triple A ou pas ?

Les investisseurs professionnels (fonds de pension, investisseurs institutionnels...) "sont obligés de détenir dans leur portefeuille des actifs notés +triple A+ (la meilleure note possible) par les agences de notation. Or ces placements ne sont plus si nombreux", note M. Robin.

La dette française est encore notée triple A par deux des trois grandes agences de notation (Moody’s et Fitch). Elle est donc considérée comme telle par les opérateurs.

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