Réforme de l’assurance-vie pour financer les PME et ETI : pousser les épargnants modestes vers la prise de risques, une bonne idée ?

Surprenant, rien de mieux pour les professionnels que de proposer aux épargnants les plus modestes à prendre plus de risques financiers, afin de financer les PME et ETI. De nouvelles UC exposées aux risques financiers du financement de l’économie... Cela ressemble étrangement à un jackpot de plus pour les assureurs.

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Le gouvernement souhaite orienter une partie du capital des épargnants, 10 milliards d’euros, vers le financement des PME et ETI. Cela semble assez louable. Mais l’assurance-vie, avec ses 1.600 milliards d’euros de pactole, dont près de 80% investis en fonds euros, permet pourtant d’ores et déjà d’investir sur des unités de comptes, pour les épargnants qui le souhaitent. Et même parfois à 100% en actions d’entreprises. Mais visiblement, cela ne suffit pas.

Une consultation des professionnels, assureurs, banquiers et gestionnaires de fonds s’est donc tenue le 22 janvier 2018 afin de recueillir les pistes d’améliorations envisagées. Les idées sont nombreuses, mais peu de réelles innovations. Les propositions sont toutes orientées vers une plus grande prise de risques pour les épargnants. Entre fonds euros bonifiés, fond euros à garantie de capital réduite, fonds euro-croissance et autres unités de compte dédiées... Rien de nouveau. Les fonds en euros à capital partiellement garanti existent d’ores et déjà. Mais ce qui pourrait inquiéter est cette volonté de réduire l’exposition aux risques des assureurs, pour les faire prendre aux épargnants. Un assureur qui n’assure aucun risque, est-ce toujours bien un assureur ?

Pousser les épargnants modestes à financer les PME et ETI, une bonne idée ? Pour qui ?

Les assureurs plaident pour que les contrats d’assurance-vie investis en capital investissement ne soient pas réservés à des investisseurs avertis et fortunés. En clair, l’épargnant modeste devrait pouvoir être exposé aux risques du capital investissement. C’est assez surprenant, quand on constate le manque de compréhension des épargnants pour les fonds structurés existants. Les inciter à miser sur le financement des PME semble être un sacré challenge et devrait engendrer de nombreuses déconvenues. Plus de risque, pour plus de rendement, on connaît cette douce musique. Mais la vraie rengaine, c’est plus de risque, pour potentiellement plus de rendement... Ou pas. Alors entraîner tous les épargnants, même les plus modestes vers plus de risques financiers, c’est juste hors de question. Si les assureurs ne sont pas capables de proposer plus de rendement, tout en préservant la garantie du capital, les fonds structurés, éthiques et bien conçus, non gavés de frais, devraient avoir de beaux jours devant eux.

Ainsi dans les colonnes des Echos, les propos de Guillaume Arnaud, directeur général de Tikehau IM vont dans ce sens : « La liste des unités de compte doit être améliorée, on doit pouvoir mettre plus de capital-investissement, plus de dette privée, plus de produits de financements de long terme ». Ainsi des « milliards d’euros » d’épargne française sont investis aux Luxembourg, du fait d’une réglementation plus favorable aux investissements de long terme.

Réforme des règles Solvabilité 2

Pour faciliter les investissements des assureurs dans les fonds propres des entreprises, le gouvernement souhaite par ailleurs faire évoluer le cadre prudentiel dit de Solvabilité 2. « Lors de la prochaine révision de ces règles, nous voulons y apporter un certain nombre d’adaptations pour favoriser l’investissement de long terme », a assuré hier le Premier ministre, Edouard Philippe. Les assureurs sont ravis.

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